Il est frappant de constater que la Russie et la Chine utilisent les mêmes narratifs dans leur « guerre cognitive » contre l’Occident. Des activistes et des officiels taïwanais ont partagé leur expérience de lutte contre l’ingérence chinoise lors des récentes élections présidentielles à Taïwan, lors d’une discussion ouverte au Parlement européen, animée par Petras Austrevicius.
Ce type d’ingérence serait considéré comme un acte de guerre dans les États autoritaires, mais dans les démocraties, c’est juste un défi. La résilience de la société civile face à l’ingérence étrangère à Taïwan, dans les pays de l’UE et en Ukraine est parfois considérée comme acquise.
J’ai été témoin de l’ingérence russe dans les élections présidentielles en Ukraine en 2004. Les résultats des élections ont été falsifiés – Victor Ianoukovytch a été annoncé président, et Vladimir Poutine l’a félicité trop rapidement. La Révolution orange qui a suivi a corrigé cette injustice, mais après des années de « guerre cognitive » (un terme utilisé par les activistes et officiels taïwanais) et d’infiltration d’agents russes dans la société ukrainienne, Ianoukovytch a été élu en 2010. Cette fois, les élections étaient en quelque sorte démocratiques, mais le peuple n’avait pas reconnu qu’il avait subi une influence indirecte de la Russie des années avant les élections. Le « président démocratiquement élu » était en fait une marionnette du Kremlin. Il a signé les accords de Kharkiv pour céder la flotte de la mer Noire à la Russie (qui pouvait placer son armée là-bas jusqu’en 2042), a emprisonné sa rivale Ioulia Tymochenko, et a fini par rejeter totalement l’intégration européenne. Tout cela s’est passé sous l’ordre d’un pays étranger. Ianoukovytch a servi des intérêts étrangers, ce qui a conduit à l’occupation de la Crimée puis à une guerre à grande échelle contre l’Ukraine. Le pays se libère aujourd’hui de l’infiltration qui se produit depuis des décennies, sinon des siècles, et le fait avec le sang de ses fils et filles.
La Russie et la Chine utilisent la guerre cognitive au-delà des frontières de leurs objectifs territoriaux. Ils propagent des idées concernant les biolabs américains, la propriété américaine de l’Ukraine et de Taïwan, ou des narratifs que « l’OTAN s’approche ».
En même temps, le silence n’est pas une solution dans les démocraties car il peut compromettre le paysage politique légitime et ainsi impacter la falsification des résultats des débats, des votes ou des élections.
Le fact-checking par le peuple, la discussion ouverte et l’inclusion des idées sont la base de la résilience face à l’ingérence étrangère et à la manipulation du discours national.
Cela dit, je crois que les partis et les membres du parlement qui sont pris à servir des gouvernements étrangers devraient être enquêtés et poursuivis. Partout en Europe, il y a des politiciens qui nuisent à leur propre peuple en étant payés par le Kremlin ou par la Chine. Les idées qu’ils ont promues devraient être testées, et la question principale ici est : qui est le bénéficiaire ultime de tout cela ?
